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Date de l'événement : Vendredi 3 avril 2015 - auchEAU ARGENTÉE, SYRIE AUTOPORTRAIT
Date de l'article : lundi 16 mars 2015
Vendredi 3 avril à 20h30
Soirée en partenariat avec Amnesty International
En Syrie, les Youtubeurs filment et meurent tous les jours. Tandis que d’autres tuent et filment.
A Paris, je ne peux que filmer le ciel et monter ces images youtube, guidé par cet amour indéfectible de la Syrie. De cette tension entre ma distance, mon pays et la révolution est née une rencontre.
Une jeune cinéaste Kurde de Homs m’a « Tchaté » : « Si ta caméra était ici à Homs que filmerais-tu ? »
Le film est l’histoire de ce partage.
Chaque conflit a « son » film, qui immortalise une mémoire collective et la transmet aux suivantes. La guerre de Syrie a trouvé le sien, avec Eau argentée, d’Ossama Mohammed et Wiam Simav Bedirxan. Il y a d’abord l’histoire du film, né d’une « rencontre » via Internet entre un réalisateur syrien exilé à Paris et une femme vivant à Homs, ville rebelle assiégée. Ils ne se connaissent pas. Elle lui demande : « Si tu étais ici à Homs avec ta caméra, que filmerais-tu ? »
Elle se met à filmer, maladroitement, sans hésiter devant le danger ou l’horreur, et lui reçoit ces images à Paris et imagine le film. Elle est ses yeux, il culpabilise devant les risques qu’elle prend (elle est blessée et se filme en train de se faire « recoudre » la jambe...), le film est la force conjuguée de leur désir de témoigner, de hurler, d’être entendus par le reste du monde de plus en plus sourd. Le résultat est époustouflant.
Le mot chef d’œuvre a maintes fois été prononcé depuis que le film a été présenté pour la première fois à Cannes cette année ; la première fois, aussi, que Ossama et Simav se rencontraient « dans la vraie vie ».
Le film est puissant dans la forme, à la fois poétique et percutant, grâce à un découpage et un montage originaux, une narration très personnelle, basée sur les échanges entre les deux auteurs ; puissant aussi sur le fond, puisqu’il décrit, sans concessions, la révolte d’un peuple contre l’oppression, d’abord pacifique, puis armée, puis rongée par la folie djihadiste.
Ossama Mohammed parle d’un « nouveau cinéma » apparu en Syrie avec le soulèvement, ce qu’il appelle le « cinéma YouTube » : les gens se filment en train de manifester, en train de mourir aussi, et mettent leurs images en ligne. Lui a poussé ce cinéma plus loin, et en a fait une œuvre." Rue89
Voir en ligne : ciné 32