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Grenelle de l’environnement

Date de l'article : lundi 22 octobre 2007

Grenelle de l’environnement– réunion d’Auch -
L’Association Française Arbres & Haies Champêtres communique

L’Association Française Arbres & Haies Champêtres vient de naître. Elle regroupe une soixantaine de structures de terrain, réparties dans l’ensemble des régions françaises et issues du monde agricole et de l’aménagement. Ces structures jouissent de près de 30 années d’expérience de terrain et proposent des réponses adaptées aux enjeux économiques, territoriaux et environnementaux de l’aménagement rural, elles élaborent une réflexion, mènent un travail considérable d’explication et d’information et conduisent des réalisations concrètes pour que l’arbre et la haie reprennent toute leur place dans nos territoires.

Un enjeu collectif et transversal à la plupart des ateliers du Grenelle
L’actualité nous rappelle trop souvent à l’ordre : inondation, pollution, sécheresse, tempête, érosion et appauvrissement généralisés des sols et de la biodiversité, uniformisation du paysage, raréfaction de la ressource en eau et dérèglement climatique…, l’arbre et la haie champêtres représentent un enjeu de taille, tant sur le plan de la viabilité économique que de la pérennité des ressources vitales : eau, sol, climat, biodiversité. Ils sont plus que jamais indispensables à notre existence, à la viabilité de nos territoires, à la qualité de nos paysages et à la pérennité et la diversification de notre agriculture, alors que le réchauffement climatique amplifie les phénomènes de désertification qui menacent aujourd’hui de nombreux espaces où l’arbre est sous représenté ou quasi-absent. Seules une présence diffuse et une répartition équilibrée d’arbres champêtres (alignements, haies, bosquets, ripisylves, agroforesteries) sur l’ensemble des espaces aménagés -artificialisés comme agricoles- peuvent garantir la durabilité des paysages et le développement des territoires.
La place de l’arbre « non forestier » ne peut se cantonner en quelques uniques espaces réservés, protégés ou abandonnés, d’autant que ceux-ci peuvent profitablement dispenser leurs nombreuses utilités au sein d’aménagements modernes et efficaces, c’est-à -dire fonctionnels, économes et esthétiques.

Protéger, Aménager, Embellir, … Économiser
Près des maisons, dans les champs, le long des routes, au bord des rivières, au village, dans le lotissement et la zone d’activité, autour des bâtiments, … l’arbre champêtre se faufile partout, pour le plus grand bonheur des promeneurs et des amoureux de la nature.
Mais au-delà de l’esthétique, il présente de nombreux intérêts, et c’est bien pour en tirer profit que l’homme l’a inventé, l’a cultivé, et l’entretien.
En quelques dizaines d’années, près de la moitié des haies de l’hexagone et un volume in quantifiable d’arbres ont été sacrifiés à la modernisation de la campagne. Aujourd’hui ce “désarbrement“ massif a révélé l’importance de nos haies et de nos arbres champêtres dans le fonctionnement et l’économie des territoires :
• ils protègent et améliorent le sol,
• ils participent au cycle et à l’épuration de l’eau,
• ils influencent localement le climat et atténuent les dégâts des intempéries,
• ils sont un formidable gisement de “biodiversité“, apparemment ordinaires mais absolument nécessaires
• ils sont incontournables pour une une agriculture durable, alliant production et protection
• ils sont des outils d’aménagement originaux, polyvalents et bon marché.
• ils produisent des quantités considérables de biomasse en stockant du carbone.
L’arbre champêtre doit redevenir un sujet de rassemblement et non pas d’affrontement
Loin des querelles entre écologie et agriculture, entre développement des infrastructures et équilibre des milieux, …l’arbre champêtre est un élément majeur -même s’il reste relégué au second plan- de l’aménagement des espaces de vie et de production, notamment en agriculture où il conditionne largement la productivité des espaces cultivés.

Cependant il reste aujourd’hui largement ignoré par les pouvoirs publics, malgré les nombreux services et la contribution essentielle qu’il apporte à la durabilité des systèmes agraires. L’expertise et l’expérience acquises par les acteurs de la recherche-développement au cours des 20 dernières années soulignent l’importance économique, environnementale et sociale du secteur des arbres champêtres. Les avantages de la présence de l’arbre « hors-forêt » répondent parfaitement aux enjeux actuels de la Politique Agricole Commune, y compris dans les aspects de lutte contre les changements climatiques. L’agroforesterie fait d’ailleurs partie des mesures prioritaires à développer identifiées dans le dernier rapport du GIEC, et les parcelles agroforestières sont reconnues par le protocole de Kyoto.

Quatre mesures pour une reconnaissance des arbres hors forêt en agriculture

Nos propositions vont dans le sens des recommandations de l’Appel d’Auch (Rencontres nationales de la haie champêtre, octobre 2006). Elles visent un double objectif : simplifier la prise en compte des arbres dans les réglementations agricoles et inciter les agriculteurs à gérer et renouveler cette ressource précieuse en l’intégrant dans les modes de gestion et les systèmes de production.

1/ Les apports des arbres et des haies champêtres sont considérables et totalement transversaux, c’est pourquoi nous demandons de généraliser les aides à la plantation pour l’agriculture, sans les cloisonner dans des enjeux précis tels que : l’eau, l’érosion, le réduction des produits phytosanitaires, la biodiversité… parce qu’ils apportent des éléments de réponse pour chacun de ces enjeux et de manière concomittante. La mise en place des systèmes agroforestiers (haies, parcelles agroforestières, ripisylves, bandes enherbées…) est aisée et peu coûteuse, de plus, ils sont rapidement rentables jusqu’à générer des coûts d’entretien négatifs.
Afin de garantir la qualité des projets futurs de plantation d’arbres champêtres (haies, alignements, bosquets, agroforesterie), il est essentiel de prévoir, outre l’aide à l’investissement, une aide à l’ingénierie de projet menée par des opérateurs qualifiés pour l’entretien, la restauration, la régénération naturelle et la valorisation de la végétation existante.

2/ La place de l’arbre comme composante essentielle d’un système de production agricole durable ne peut être reconnue que si l’arbre ne pénalise plus les agriculteurs vis à vis des aides publiques, et en particulier des aides directes. Le seuil nouvellement introduit de tolérance (nous préférons parler de reconnaissance) de 50 arbres/hectare est un premier pas. Les haies, bosquets et alignements doivent pouvoir aussi être reconnus comme éligibles dans leur totalité. Cette disposition simplifiera les contrôles, et les arbres retrouveront une image positive auprès des agriculteurs, car ils ne seront plus synonymes de pénalisation financière.
3/ La référence aux “usages locaux“ dans les réglementations doit être abandonnée car elle pose de grosses difficultés : absence de référence dans de nombreux départements, règles obsolètes ne s’appliquant pas aux pratiques actuelles ou modernes, particulièrement pour la gestion des haies à objectifs multiples qui ne peuvent pas souvent remplir leurs fonctions (production, environnement, paysage) avec les faibles largeurs indiquées dans les “usages locaux“.
4/ L’aide à l’installation d’arbres champêtres est indispensable pour assurer le renouvellement de ce patrimoine. Le nouveau RDR européen met en place un tel soutien (article 44), et il est très important que ce mécanisme soit pris en compte au niveau national français. Peu de collectivités territoriales auront l’énergie nécessaire à une mise en œuvre directe de cet article, car les démarches de contractualisation avec Bruxelles sont longues et rédhibitoires. La mise en ºuvre directe de l’article 44 sera une simplification importante (financement unique pour la plantation, les frais d’ingénierie et l‘entretien des jeunes plantations).

Quatre mesures pour repositionner l’arbre et la haie « de pays » dans une véritable politique du paysage,
au service de l’aménagement et de l’urbanisme opérationnel (lotissements, infrastructures, zone d’activités…).

Du « volet paysager » au « projet paysager »....
Si les préoccupations paysagères sont aujourd’hui de plus en plus fortement mises en évidence par le législateur (nouveau permis d‘aménager, convention européenne du paysage) elles se limitent au volet « plantations et espaces verts » des aménagements.
Le volet paysager est trop souvent perçu comme un surcoût pour les aménageurs, alors qu’il constitue une source d’économie et une véritable plus-value commerciale apportée au projet. Il consiste quasi-systématiquement, en un simple “habillage“ a posteriori des réalisations : dans la pratique, de nombreux végétaux utilisés sont inadaptés aux contraintes du milieu et aux objectifs techniques, (choix des essences, type de plants...), et les coûts de mise en œuvre de sujets de grande taille, et donc fragiles, restent démesurés.
Pourtant, sur le plan technique, la présence d’arbres est nécessaire pour limiter l’imperméabilisation ses sols, optimiser l’écoulement des eaux, procurer de l’ombrage, clôturer, signaliser etc… Elle est surtout un facteur de bien-être non négligeable dans des contextes artificialisés, minéraux et inertes.
1/ Proscrire, dans les règlements des documents d’urbanisme ou des permis d’aménager, la plantation de haies et de formations végétales monospécifiques.
2/ La conception du projet et sa maîtrise d’oeuvre, doivent être confiées à des professionnels compétents en matière de “verdissement“ garantissant l’adaptation durable et l’épanouissement des végétaux choisis. Dans le constitution des marchés publics, il est important de distinguer des travaux de VRD un lot spécifique “plantations et espaces verts“. En terme de rémunération il conviendrait d’intéresser concepteurs et maîtres d’œuvre à l’économie et à la viabilité générale du projet plutôt qu’au montant des travaux.
3/ Augmenter les exigences des cahiers des charges “plantations et espaces verts“ (CCTP) dans le cadre des opérations d’aménagement publiques ou delà des seuls agréments phytosanitaires : agrément “biodiversité“ dans les compositions végétales, origine génétique des plants, âge et conformation des plants, entretien limité, utilisation d’intrants et recours à l’irrigation à limiter au maximum.
4/ Former, informer, sensibiliser les aménageurs et les concepteurs en activité aux atouts, contraintes et exigences des arbres et arbustes de pays : architectes,urbanistes, paysagistes, services techniques des collectivités ; élus et maîtres d’ouvrage, AMO...)

Quatre mesures pour sensibiliser l’opinion et éduquer les citoyens
à la connaissance et aux enjeux de l’arbre « des villes et des champs » dans le cadre d’une véritable politique éducative et culturelle.

1/ Réapprendre l’arbre dans les écoles (programmes scolaires) et dans les activités extra-scolaires (animations) : sorties, chantiers pédagogiques, projets divers.
2/ Enseigner l’arbre dans les programmes de sciences, de géographie des classes du secondaire, mais aussi dans les cursus d’enseignement supérieur où la connaissance et les techniques de l’arbre méritent d’être diffusés tant sur le plan théorique que pratique : filières universitaires de l’aménagement, de l’urbanisme, du génie civil, écoles d’agronomie, d’agriculture, d’architecture …
3/ Organiser des actions et des programmes culturels d’envergure, au niveaux national, régional et local pour informer et sensibiliser un public de plus en plus nombreux et demandeur : animations publiques, manifestations artistiques, conférences, expositions…
4/ Développer la communication (création et publication) autour des problématiques de l’arbre : documents et événements audiovisuels, cinématographiques, livres, internet…

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